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Un Nouveau Ministre de Défense : Davantage de Troupes, Davantage de Guerres

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15 mars 2015 691 clics

Editorial paru dans Challenge, le 11 mars 2015

Quatre jours après sa ratification par le Sénat des E.-U., le nouveau ministre de guerre de Barack Obama, Ashton Carter, est allé à Kaboul en Afghanistan et « a communiqué sur le possible ralentissement du retrait des derniers soldats américains dans le pays, afin qu’ils aident à tenir en échec les Talibans ». (le New York Times, le 22 février 2015). Son discours constitue un signal de plus indiquant que la classe capitaliste des E.-U. s’accélère vers une prochaine série de massacres pour le contrôle du gaz et du pétrole en Afghanistan et en Irak. La nécessité urgente ressentie par les patrons de défendre les bénéfices d’ExxonMobil en Asie centrale est signe d’une rivalité croissante avec les capitalistes de la Russie et de la Chine, qui luttent pour le contrôle de cette même région. Il semble qu’un nouvel envoi de soldats terrestres est inévitable. Une fois de plus, les dirigeants des E.-U. enverront des travailleurs combattre et mourir – surtout les jeunes immigrés qui ont peu d’autres options dans une économie caractérisée par un permanent chômage de masse.

Il y a presque un siècle, dans son livre L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Vladimir Lénine a analysé le massacre qu’était la première guerre mondiale comme étant le résultat inévitable de la concurrence capitaliste pour le contrôle des ressources. Les communistes  russes ont organisé les travailleurs et les soldats et ont mis fin à la première guerre mondiale par la révolution ; les communistes chinois ont fait de même lords de la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui, alors que la rivalité entre les impérialistes s’intensifie, le Parti Progressiste du Travail organise la classe ouvrière dans 27 pays afin de transformer le prochain conflit global autour des bénéfices en une guerre révolutionnaire pour détruire le racisme et l’impérialisme et pour abolir le système capitaliste tout entier par le communisme !

Les patrons intensifient la planification de la guerre

Les dirigeants des E.-U. savaient ce que représente Ashton Carter, un militaire expérimenté, un pur et dur, qui dès 1994, pendant la présidence de Bill Clinton, a prôné une frappe préventive contre la capacité nucléaire de la Corée du Nord, alors même qu’il faisait remarquer qu’une telle frappe pourrait provoquer une guerre et un nombre de morts « horrible ». (Politico, le 2 décembre 2014). Lors des séances pour la ratification de sa nomination, devant la commission des forces armées du Sénat, il a prôné l’envoi en Ukraine d’une aide militaire en armes létales pour contrer les séparatistes pro-russes, une solution militaire pour infliger « une défaite durable » à l’Etat islamique en Syrie et en Irak, le maintien, sans limite dans le temps, du camp de concentration à Guantanamo et la reconnaissance que l’Iran représente une menace mortelle pour les intérêts des E.-U.

Le discours qu’Ashton Carter a prononcé à Kaboul était inspiré, presque mot par mot, par un nouveau rapport écrit par le Centre d’études internationales et stratégiques (CSIS), un groupe de réflexion bipartite étroitement associé à ExxonMobil, à la CIA, au Conseil sur les relations étrangères (CFR) – donc au cœur de l’aile financière, dominante, de la classe dirigeante des E.-U. Ce rapport, « Transition en Afghanistan : Sommes-nous en train de perdre la guerre oubliée ? », rejette l’ancien calendrier établi par Obama pour le retrait des soldats et préconise le maintien d’autant de soldats que nécessaires en Afghanistan, aussi longtemps que nécessaire. Ce rapport, écrit par Anthony Cordesman, l’un des premiers analystes travaillant pour la classe dirigeante sur la coordination des politiques énergétiques et militaires, prévient que :

« L’affectation de seulement quelque 11.000 soldats des E.-U. au début de 2015, la réduction par moitié de ces effectifs avant la fin de 2015, puis le retrait de tous … d’ici la fin de 2016 – à l’exception d’un petit bureau de coopération militaire – comportent de graves risques et devraient – au moins – être réalisés selon les conditions plutôt que selon un calendrier préétabli. »

La dernière escalade en Afghanistan indique aussi l’intention des patrons des E.-U. de réduire l’influence iranienne et chinoise dans la région. La Banque de développement en Asie est le principal parrain du gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI), un projet qui n’avance plus depuis longtemps. Cette banque est contrôlée par le Japon, par les E.-U. et par l’Union européenne. The Diplomat, un magazine de politique japonais, affilié au CSIS, a exprimé le souci que le retard du gazoduc TAP n’ait déjà renforcé l’influence chinoise au Turkménistan, au dépens des E.-U. et pourrait pousser le Pakistan davantage dans l’orbite de la Russie et de l’Iran : 

« La Chine a transformé le Turkménistan en quelque chose qui s’apparente à un ‘Etat inféodé’, avec Ashgabat qui projettent d’envoyer 65 milliards de mètres cubes [de gaz] à Pékin d’ici 2020… Le gazoduc TAPI créerait  une alternative ayant des chances de réussir au gazoduc Iran-Pakistan que l’on propose de construire … [et] le Pakistan peut y trouver le moyen de satisfaire une partie de ses besoins énergétiques sans fournir une aubaine économique à Téhéran. » (The Diplomat, le 20 novembre 2014).

Le Pakistan et le Turkménistan, tous les deux, sont essentiels au contrôle par les impérialistes des E.-U. de l’Asie centrale, une partie du monde que les capitalistes regardent comme le centre du « grand échiquier » mondial – un jeu dans lequel les travailleurs sont des pions que l’on sacrifie selon les besoins. Dernièrement, les E.-U. y perdent du terrain. Le régime du Turkménistan a repoussé les revendications d’ExxonMobil et de Chevron, qui exigent des droits d’exploration et de propriété dans les champs de gaz qui seraient desservis par le gazoduc TAPI. Les Etats-Unis menacent le Pakistan de sanctions depuis 2010, quand le Pakistan est devenu partenaire de l’Iran dans la construction d’un gazoduc concurrent, gazoduc qu’on est déjà en train de construire. Les dirigeants des E.-U. ont besoin de renforcer leur présence militaire en Afghanistan pour leur donner davantage d’influence, afin de protéger leurs intérêts financiers dans la région.

Mossoul : Point d’explosion de la prochaine guerre pétrolière

Alors qu’Ashton Carter battait le tambour de la guerre en Afghanistan, le Pentagone a annoncé son projet d’une invasion, dans un futur proche et menée pas les Etats-Unis, afin de reprendre Mossoul, une ville dans le nord de l’Irak, à l’Etat islamique – une attaque par de grands terroristes contre de moins grands terroristes. Les officiers haut-gradés des E.-U. sont en train de déterminer s’ils « auront besoin de déployer des équipes de forces terrestres américaines pour … conseiller les soldats irakiens sur le champ de bataille ». (le New York Times, le 22 février 2015)

Par conséquent, l’Institution Brookings, financée par les mêmes capitalistes qui financent le CSIS, prétend qu’il y a un soutien populaire croissant aux E.-U. pour la guerre contre l’Etat islamique. Dans un rapport, « Le peuple américain dit à ses dirigeants : Des soldats terrestres contre l’Etat islamique et une défense nationale renforcée » (le 20 février 2015), l’Institution Brookings indique que :

« Selon le sondage CBS d’aujourd’hui, le peuple américain … prône l’emploi de forces terrestres américaines pour combattre l’Etat islamique. Tout récemment, en septembre 2014, seulement 39 % prônaient cette ligne de conduite, alors que 55 % s’y opposaient. Aujourd’hui, 57 % prônent l’emploi de forces terrestres ; seulement 39 % s’y opposent encore… L’automne dernier, pas moins de 64 % du peuple croyaient déjà que des soldats terrestres seraient nécessaires… L’horrible torture et exécution de civils innocents par l’Etat islamique … a augmenté le sens d’urgence des Américains sur la nécessiter d’affronter cette menace. »

Les patrons espèrent que ces chiffres de sondage se traduiront par une multiplication du nombre de jeunes de la classe ouvrière qui s’engageront dans l’armée des E.-U. afin de renforcer les « forces terrestres », euphémisme pour chair à canon. Les dirigeants des E.-U. ne peuvent permettre à une bande de capitalistes de troisième ordre, tel l’Etat islamique, de contrôler Mossoul, ville que l’Etat islamique utilise comme base de départ pour lancer des attaques contre les opérations d’Exxon dans le nord de l’Irak, et par conséquent contre la grande stratégie des E.-U. consistant à faire de la Turquie un allié dans une possible troisième guerre mondiale. « Les militants de l’Etat islamique se sont attaqués à des forces peshmergas [kurdes, du nord de l’Irak] … au nord de Mossoul, dans le but de se saisir des installations et machines appartenant à ExxonMobil, le groupe pétrolier des E.-U.. Les forces peshmergas protègent les installations d’Exxon depuis juin, quand le groupe a retiré son équipe de la région. » (Iraq Business News, le 12 février 2015). L’enjeu, aussi bien pour l’Etat islamique que pour les Etats-Unis et ses partenaires irakiens corrompus, c’est la région, qui représente la source de bénéfices pétrolières les plus élevées en Irak.

La révolution communiste est la seule solution

Partout au Moyen orient et en Asie centrale, la classe ouvrière a une superbe histoire de lutte pour le pouvoir ouvrier, une histoire que les patrons capitalistes du monde aimeraient faire enterrer. Après la révolution russe de 1917, le Turkménistan, une république soviétique, a aussitôt interdit le racisme et a promulgué l’égalité entre les hommes et les femmes, avec accès pour tous à l’éducation et aux services médicaux. Le Parti communiste d’Irak, qui à son apogée réunissait un million de Chi’ites et de Sunnites, a organisé des syndicats dans les secteurs ferroviaires, pétroliers et portuaires, tout en menant des soulèvements et des grèves massifs dans les années 1940. Pendant les années 1980, les travailleurs en Afghanistan ont massivement soutenu le gouvernement socialiste du PDPA quand il fut assiégé par les terroristes moudjahiddines, ancêtres de l’Etat islamique, soutenus alors par les E.-U. Mais les faiblesses de l’ancien mouvement communiste – dont le nationalisme et le maintien de salaires et d’inégalités – l’ont mené à sa défaite.

Le moyen de parvenir à la révolution communiste, c’est d’organiser des luttes antiracistes, d’utiliser Le Défi pour partager des informations et des analyses des luttes des travailleurs à travers le monde, puis par la suite de créer notre propre Armée rouge de masse et de libérer notre classe. Il nous faut un mouvement de millions de leaders de la classe ouvrière. Rejoignez-nous !