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La Rivalité Avec La Chine et la Russie, Jusqu’aux Portes des Etats-Unis !

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23 mars 2015 800 clics

Traduit de Challenge, 14 janvier 2015, page deux

Loin d’ouvrir une nouvelle ère de coexistence pacifique, l’ouverture envers Cuba décidé par Barack Obama reflète une rivalité accrue entre les puissances impérialistes. En restaurant des liens avec l’île des Antilles, Obama et les capitalistes états-uniens qu’il sert cherche à réaffirmer l’influence des Etats-Unis en Amérique latine aux dépens de la Russie, la Chine et le Venezuela. Alors que les médias contrôlés par les patrons états-uniens se concentrent sur les dimensions économique et politique, ce basculement comporte aussi une dimension militaire importante. Alors que les machines de guerre russe et chinoise visent Cuba, ce basculement états-unien signale l’accroissement de la probabilité d’un conflit mondial. 

Le Jerusalem Post, un journal favorable aux Etats-Unis, a loué (le 18 décembre 2014) le coup d’Obama en termes géostratégiques : « De façon alarmante, ces derniers mois les Russes se sont servis de Cuba afin de développer une présence menaçante, qui rappelle l’époque de la guerre froide, aux portes des Etats-Unis ». Pour les dirigeants états-uniens, un Cuba réhabilité fait baisser le risque de voir les Russes s’y installer « à un petit voyage en bateau des Keys de la Floride ».

Bill Gertz, un écrivain qui travaille pour le journal de droite Washington Times, qui appartient à l’Eglise de l’Unification, qui maintient des liens étroits avec l’agence de renseignements de la Corée du Sud, a révélé les dessous de l’affaire. D’après le New York Times du 3 décembre 2000, l’accès privilégié dont Gertz bénéficie lui a permis de publier « davantage d’informations confidentielles que n’importe qui d’autres en Amérique ». Gertz a écrit le 17 décembre que :

« Des mois avant le mercredi où le président Obama a annoncé qu’il cherche à en finir avec les sanctions économiques, imposées depuis des décennies, contre le régime communiste de Cuba, la Russie avait conclu un accord sécuritaire avec la Havane visant à renforcer ses liens militaires et en matière de renseignements avec l’île gérée par une dictature. » 

« On a annoncé l’accord entre la Russie et Cuba le 16 mai… L’accord sécuritaire a été signé alors que l’agence de renseignement des Etats-Unis se dit de nouveau préoccupé par les mesures que la Russie est en train de prendre afin de réaliser des vols de bombardiers armés de bombes atomiques au-dessus de la Golfe du Mexique et de la Mer des Caraïbes, peut-être avec l’aide de Cuba et du Venezuela. Les autorités russes ont entrepris des négociations avec les deux gouvernements pour permettre aux Tu-95 bombardiers Bear H russes, bombardiers qui ont une capacité nucléaire, l’utilisation de leurs aérodromes. Ces bombardiers ont réalisé un grand nombre de vols menaçants près des côtes états-uniennes ces derniers mois. Le ministre de la défense russe, Sergueï Choïgou, a affirmé le 12 novembre que la Russie commencerait à envoyer des bombardiers à long rayon d’action à la Golfe. ‘Nous devons maintenir la présence militaire [de la Russie] dans l’ouest de l’Atlantique et l’est de la Pacifique, aussi bien que dans la Mer des Caraïbes et la Golfe du Mexique, ‘ a-t-il dit, précisant que les bombardiers stratégiques seraient envoyés à la région pour réaliser des ‘manouvres’ ». 

La Chine et Cuba : des alliés militaires.

Entre-temps, Xinhua, l’agence de presse chinoise, rapporte que Yu Zhengsheng, membre du Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois et important conseiller politique, a rencontré Leopoldo Cintra Frias, le ministre des forces armées révolutionnaires cubaines, jeudi. Affirmant que les liens militaires bilatéraux font partie des relations entre les pays et les partis chinois et cubains, Yu a fait l’éloge des « progrès réalisés par les deux armées dans les échanges de haut niveau et en matière de formation » (le 11 décembre 2014).

Depuis 1823, la politique étrangère des E.-U. a suivi la Doctrine de Monroe. Le président James Monroe avait déclaré que toute tentative par des Puissances étrangères de coloniser ou d’intervenir dans les pays d’Amérique du Nord ou d’Amérique du Sud serait considérée comme un acte d’agression – et nécessiterait l’intervention des E.-U. A partir de ce moment, les Marines ont envahi tout pays d’Amérique latine où l’on menaçait les intérêts des entreprises états-uniennes.

Sous Castro, l’île de Cuba a bravé cette doctrine. En 1960, lorsqu’elle a saisi des biens de sociétés états-uniennes ayant une valeur de 1 milliard de dollars, les E.-U. ont imposé un embargo commercial et ont interdit tout voyage à l’île. (Alors que l’interdiction aux voyages fut efficace en général, le Mouvement Progressiste du Travail – l’ancêtre du Parti Progressiste du Travail – a réussi à la transgresser en 1963.) Ces dernières années, au fur et à mesure que la puissance des E.-U. s’affaiblit, des capitalistes rivaux, venus de la Chine, du Japon, de l’Allemagne, de la France et de l’Espagne, se sont implantés en Amérique du Sud, signant des contrats avec le Brésil, le Chili, l’Argentine, et d’autres pays. Les Etats-Unis se trouvent marginalisés dans leur propre arrière-cour. Aujourd’hui, la Chine se sert de Cuba afin de s’établir dans la région. Vladimir Poutine agit pour déjouer les manœuvres des E.-U. en y renforçant les relations militaires de la Russie. En réponse, il serait nécessaire aux dirigeants états-uniens de faire passer leur machine militaire à la vitesse supérieure afin de reprendre leur position dominante d’antan.

La guerre est le mot d’ordre dans le jeu des dirigeants à Cuba.

Financé par des entreprises pétrolière comme Exxon et Chevron, le Centre d’Etudes Stratégiques et Internationales (CSIS) organise un programme appelé Forum Militaire, où des responsables supérieurs du Ministère de la Défense « présentent leurs connaissances uniques et leur vision de la direction de la politique états-unienne en matière de défense et de sécurité nationale » (Site web du CSIS).

Il y a un an, ces bellicistes organisaient des conférences dont la tête d’affiche était « Le cas pour enlever Cuba de la liste terroriste » ou « Cuba : En train de trouver sa place sur le marché mondial ? ». Aujourd’hui, ces questions sont résolues. Le 2 décembre, deux semaines avant qu’Obama et Raul Castro, le président de Cuba, n’annoncent la normalisation des relations, le sujet du forum était « Comment revenir au normal : Un chemin légal pour la réforme de la politique des E.-U. envers Cuba. »

Le chemin menant aux manouvres cubaines d’Obama était préparé par les manipulations menées par les E.-U. afin de faire baisser le prix du pétrole. Alors même que la demande diminue dans une économie mondiale qui s’empire, la production du pétrole est en train de monter en flèche aux E.-U. et chez son associé adjointe, l’Arabie Saoudite. Cela n’a pas grand-chose à voir avec des découvertes capitales dans l’extraction du pétrole par fracturation hydraulique aux E.-U. ou avec le désir de l’Arabie Saoudite de garder ses parts de marché. En réalité, les dirigeants des E.-U. visent à punir – sinon renverser – leurs rivaux à Moscou et à Caracas. Alors que le prix du pétrole a baissé de 50 pour cent depuis le mois de juin, un chao économique s’est développé en Russie et au Venezuela, des états pétroliers capitalistes qui sont en tête de la liste des cibles des E.-U. Les dirigeants des E.-U. ont employé le même stratagème en 1986, quand le vice-président George H. Bush a persuadé le roi Fahd d’Arabie Saoudite de faire baisser le prix du pétrole. Les perturbations économiques qui en résultaient ont aidé à assurer la disparition de l’Union Soviétique.

Alors même qu’ils sont obligés d’admettre que le système d’éducation et le système de santé à Cuba sont supérieurs à ce qui existe aux E.-U., les hommes politiques des E.-U. se vante de ce que le pas vers la normalisation prouve « l’échec du communisme » sur l’île de Cuba. Mais il n’y a jamais eu de communisme à Cuba. Son parti dirigeant, suivant une Union Soviétique en déliquescence, n’a jamais donné une chance au pouvoir d’état de la classe ouvrière. Induit en erreur par le mythe de l’étape transitoire que serait le socialisme, Cuba a maintenu des aspects mortels du système capitaliste. Sa révolution était vouée à l’échec depuis le départ.

Le socialisme cubain = le capitalisme

Maria Elena Hernández, cadre supérieur du Parti communiste, a dit au New York Times (le 20 décembre 2014) : « Nous serons comme la Chine et le Viêt-Nam, un pays socialiste avec du capitalisme ». En maintenant un système salarial, le régime de Fidel Castro a gardé inchangé des différences de salaires et l’existence d’une petite classe de privilégiés, des caractéristiques typiques du capitalisme. A Cuba, comme en U.R.S.S. et en Chine, le socialisme a mené tout droit à un retour au système capitaliste. Aujourd’hui, la Chine représente la deuxième économie capitaliste du monde. Elle se caractérise par un chômage de masse et des salaires de misère pour des centaines de millions. Quelques privilégiés sont devenus des milliardaires sur le dos de la classe ouvrière.

C’est le socialisme – une feuille de vigne pour le capitalisme – qui a échoué, non pas le communisme. C’est le système capitaliste qui continue à décevoir des milliards de travailleurs partout dans le monde. Un Cuba normalisé sera le capitalisme généralisé pour la classe ouvrière du pays. Inévitablement, le résultat sera davantage d’exploitation, une baisse des salaires, du racisme renforcé et de plus en plus de prostitution dans des hôtels et casinos détenus par des étrangers. Pour la classe ouvrière internationale, l’ouverture des Etats-Unis envers Cuba ne peut se terminer que d’une seule façon. La guerre est la seule issue de la lutte perpétuelle des capitalistes pour s’accaparer de marchés et de main-d’œuvre bon marché.

Un état policier aux E.-U. pour lutter contre des rebellions à la Ferguson.

Obama emploiera ses machinations cubaines et sa rhétorique sur le thème de « nous sommes tous des Américains » pour recruter davantage de jeunes hispaniques pour l’armée, qui feront la guerre contre nos frères et sœurs partout dans le monde pour le compte de l’impérialisme états-unien. Afin de poursuivre ces guerres, les patrons rendront plus sévères les mesures fascistes aux E.-U. pour mater des rebellions ouvrières. La première pièce à conviction : La répression brutale des manifestants à Ferguson dans le Missouri. La série de tueries racistes perpétrées par des flics partout aux E.-U., les salaires de misères gagnés par des millions, le chômage de masse de caractère raciste dont on ne voit pas la fin – le moment est propice pour des rebellions que les patrons ne peuvent réprimer que par une terreur accrue.

La seule réponse à cet enfer capitaliste, c’est la révolution communiste. Le communisme est le contraire du capitalisme et du socialisme. Le communisme élimine les patrons, les flics, les bénéfices et tous les maux qu’ils engendrent : le racisme, l’oppression particulière des femmes, le chômage de masse, la misère et la guerre impérialiste.

Le communisme : l’avenir de notre classe.

Le communisme signifie le pouvoir ouvrier, une société gérée par le parti communiste des travailleurs, composé de centaines de millions de travailleurs. Tout le monde peut devenir leader communiste. Notre classe partagera tout le surplus produit par notre travail, la seule source de toute valeur. C’est le seul avenir convenable à notre classe et à notre jeunesse. C’est le but pour lequel le Parti progressiste du travail se bat. Rejoignez-nous !